mardi 17 juin 2008

LA RUE, C'EST MON ÉGLISE

À Québec, Saint Roch est un peu la planète éloignée du système solaire. Tiraillés entre le souvenir d'une époque où le quartier faisait figure de "vrai" centre-ville et l'espoir pour les élus de voir renaitre la prospérité en bas du cap, les problèmes sociaux sombrent de plus en plus dans l'oubli. Sans pour autant décroitre...

C'était dans ce contexte que j'agissais à titre de travailleur de rue auprès des toxicomanes et des prostitué(e)s, des personnes que la société a exclus des églises. Alors, l'église de pierre s'est transformée, au gré de mes rencontres avec ces gens de souffrance, en véritable Église de chair, la vraie; selon moi, celle que l'on retrouve dans la rue. Je vous explique quelques aspects de mon travail d'alors sans vouloir sombrer dans le mélodramatique.

Au contact de ces personnes, qui me surnommaient affectueusement "Le Jésus des putes" et auxquelles j'apportais mon soutien, je découvrais toute la grandeur et misère de la condition humaine. J'admets que je ne comprenais pas ce titre dont m'avaient affublé les prostituées, du moins au tout début. Je compris au fil du temps que c'était là leur façon d'exprimer leur amour envers moi.

Dans ma tâche, j'étais aidé et encouragé par le père Capucin Gilles Frigon, un émule de Saint-François d'Assise, avec la bénédiction et les encouragements du Supérieur de la Fraternité des Capucins, à Limoilou. Nous essayons d'apporter du réconfort à ces personnes dans la dignité. Un exemple de parcours, dans une démarche pastorale authentique, c'est l'écoute proactive avec quelques références occasionnelles aux Saintes Écritures. Mais attention!!! Je me gardais bien d'émettre des jugements de valeur ou moraux.

Aussi, je sentais que je pouvais atteindre ces gens d'une certaine façon, ok d'accord, pas toujours le plus facilement. Quand je recueillais des confidences telles que celles de Réjeanne, de Luc ou encore de "Tintin", je percevais le message de Matthieu envers les plus petits et les mal-aimés: "Ce que vous faites aux plus petits d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites." J'aimerais vous glisser ceci, amis bloggueurs, en passsant. Je repense à l'exemple de Marie Madeleine, la pécheresse type que Jésus n'a jamais jugée car Il voyait toute la chaleur de l'amour et de sincérité des prostituées de son époque.

Je ne cache pas que j'ai observé beaucoup de souffrances, d'exclusions et expulsions de ces personnes humaines vers d'autres lieux. Pourtant, j'ai entendu chez elles plus de propos lucides et près de la dimension spirituelle de l'être humain que bien des croyants fréquentant ces églises de pierre dont je vous parlais au début. Si certains d'entre eux partent vers un monde meilleur, je crois, ceux-ci laissent pour moi le souvenir vivace d'une réalité apostolique de plus en plus vérifiable, celle d'une vraie Église vivante, dans la rue, au coeur de l'humanité.

Comme je vous en fais habituellement l'invitation, vous pouvez blogguer avec moi. J'apprécierai tout commentaire constructif et original sur le thème que je viens d'aborder!

pascalune_@hotmail.com

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